Contes pour enfants - Les contes Tibous - Zipy le ver de terre : 8ème lecture

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Baignande déterminante

Maintenant que Zipy s’était réconcilié avec lui-même, il osait regarder son avenir en face et s’il n’avait pas la garantie de vivre à nouveau des jours heureux, pour le moins était-il déterminé à mettre toutes les chances de son côté. Il résolut de diriger son attention vers les êtres chers à ses petits yeux de ver de terre et de privilégier les choses ou les activités qu’il appréciait spécialement. Il souffrait déjà d’être amputé d’une extrémité, il n’allait pas, de surcroît, continuer à s’imposer des moments pénibles. Bien au contraire, il lui fallait, égoïstement, mais c’était nécessaire, prendre soin de lui, rechercher tout ce qui pouvait être source de plaisir, du doux, du velouté, du simple et simplement bon.
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C’est ainsi qu’avant même de prendre le chemin du retour vers son potager d’origine, Zipy décréta qu’il commencerait par se détendre, en prenant un bain sur les bords d’une rivière toute proche. Ce qu’il fit.

Il plongea sa tête entière sous l’eau, une fois, puis une autre, il ondula tout son corps entre les vaguelettes et se sentit léger comme un asticot. Il se relâcha totalement, fit le fou, joua à faire des bulles et des pirouettes, à s’enrouler autour des roseaux et même, au sous-marin ! Un vrai régal…. Il découvrit aussi ce que pouvait être la vie, dans cet endroit magique, qu’il n’aurait jamais exploré sans ses mésaventures passées. Il croisa ainsi de drôles de bêtes, dont il ne soupçonnait pas l’existence et qui, allongées dans les eaux, se laissaient glisser sereinement au gré du courant.

« Eh oh ! » lança-t-il à l’une d’elle.
-          Que veux-tu petit ver ? répondit la créature.
-          Tu sais donc qui je suis ? interrogea Zipy.
-          Non, je ne te connais pas personnellement, mais tu m’as tout l’air d’un petit ver tout mouillé !
-          Vous voyez juste et je m’appelle Zipy. Mais vous, qui êtes-vous ?
-          Enfin Zipy, il faut sortir un peu, je suis une truite !
-          Wahou ! Une truite ? Quelle découverte… Mais qu’est-ce que c’est, au juste, une truite ?
-          Ah ah ah, tu ne manques pas de toupet, petit ver ! Je suis un poisson, tu sais, une gentille bête qui vit dans la rivière, avec deux nageoires et des écailles sur le dos. Et le ventre d’ailleurs.
-          Wahou ! Tu vis dans la rivière ? Tout le temps ? Tu ne respires donc jamais ?
-          Tiens, regarde si je ne respire pas. La truite agita ses branchies.
-          Wahou ! Tu respires sous l’eau !
-          Wahou ! Ironisa la truite, c’est dingue, hein ?!
-          Très drôle, vous vous moquez n’est-ce pas ?
-          Tu n’es pas fâché au moins Zipy ? C’était tentant... Allez raconte moi donc ce que tu fais comme un poisson dans l'eau.
-          Et bien, je prenais un bain, c’est dingue, hein ?! rendit le petit ver.
-          Du toupet et de l’humour. Tu me plait petit ver… Mais où est donc ton potager ?
-          Oh, à seulement une année d’ici, plaisanta Zipy.
-          Je ne suis pas sûre de comprendre…
-          Et bien je viens du potager de Rasta le poireau et Tattouille la tomate, vois-tu, c’est, comment dire, un peu loin. Il m’a fallu un an pour arriver jusqu’à toi.
-          Le potager de Rasta et Tattouille, ah oui, je vois très bien. Mais tu dis vrai, il est à des kilomètres d’ici. Et tu es venu en rampant ?
-          Absolument.
-          Alors là, je dois dire que tu m’impressionnes, Zipy.
Le petit ver masqua difficilement un sourire de fierté.
-          En maintenant, je vais faire le chemin retour, poursuivit-il.
-     Mais il va te falloir encore un an ! C’est une éternité.
-          C’est vrai, mais je suis décidé. Et si j’y suis parvenu dans un sens, j’y arriverai bien dans l’autre…
La truite était épatée par le courage du petit ver de terre. Elle réfléchit un moment puis lança :
-          Ecoute Zipy, tu m’es vraiment sympathique, alors je vais essayer de t’aider. »

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